mercredi 20 juillet 2011

Pour un plan d’adaptation au changement climatique en Pays de Savoie

20/7/11 - Ce matin, Nathalie Kosciusko-Morizet a présenté en présence de Jean Jouzel, vice-président du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), le plan français d’adaptation au changement climatique, premier plan de cette ampleur dans l’Union européenne.

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Fruit d’une concertation avec l’ensemble des représentants de la société civile, ce plan constitue un ensemble de plus de 80 actions détaillées, déclinées en près de 230 mesures pour la période 2011-2015. Aux 171 millions € directement dédiés aux nouvelles mesures s’ajoutent 391 M€ au titre des Investissements d’Avenir qui participeront de près ou de loin à l’adaptation, notamment dans les domaines de la biodiversité, de la santé, ou de l’agriculture. Par ailleurs, plusieurs mesures déjà financées dans le cadre du plan sécheresse et du plan submersion rapide (500 M€ sur 2011-2016) participent également de son financement.

Depuis que je skie, je vois le nombre de jours d’enneigement diminuer et j’ai pris l’initiative d’organiser en 1994 un congrès « Neige et Climat » avec le département de géographie et le professeur Bailly de l’Université de Genève. Beaucoup ont écouté les propos des 32 scientifiques qui avaient fait le déplacement de toutes les régions du globe comme des prédictions de Nostradamus. En fait, la réalité démontre que le réchauffement climatique s’avère être plus rapide que les modèles le prévoyaient il y y 20 ans. Je m’en explique sur ce blog dans un billet dédié à l’environnement. C’est aussi l’une des raisons pour laquelle, je trouvais qu’il n’était pas opportun d’engager les haut-savoyards dans une démarche de gros investissements pour soutenir les sports liés à la neige : en clair les JO d’hiver. En effet, les acteurs du tourisme hivernal doivent de trouver des solutions à court terme en préparant mieux les pistes en fabriquant de la neige artificiellement. Mais à long terme, nous devons trouver des activités alternatives aux stations de basse altitude (x<1500m). Car tous les modèles actuels prévoient une réduction substantielle de la durée d’enneigement au point que les auteurs du rapport du GIEC prévoient de grosses difficultés pour les stations haut-savoyardes qui seraient que 7 sur 37 à avoir un enneigement suffisant pour maintenir leurs activités actuelles liées aux sports d’hiver d’ici la fin du siècle. Le dossier de presse du Ministère de l’Écologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement, reproduit une synthèse des projections climatiques issues des modèles de simulation français réalisée en janvier 2011.qui pronostique un scénario plus alarmiste : « Les changements concernant les extrêmes apparaissent contrastés. Cependant, lorsqu’une tendance est présente, elle est de plus forte amplitude pour le scénario A2. Par exemple, la température extrême maximale quotidienne à l’horizon 2050 dans le Sud-Ouest serait supérieure de 2,7°C à la valeur extrême actuelle pour le scénario optimiste et 3,7°C pour le scénario pessimiste. En 2090, les écarts correspondants seraient respectivement de +4,8°C et +6,7°C.

Pour les indices reliés aux extrêmes chauds, les deux scénarios montrent une tendance à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité de ces extrêmes. Le nombre annuel de jours où la température maximale quotidienne serait anormalement élevée est en très nette augmentation. Par exemple, à l’horizon 2030, ce nombre de jours, qui est actuellement de 36 en moyenne annuelle, serait augmenté de 8 à 38 jours. ».

Dès lors, je ne peux que me réjouir du lancement de ce programme, même si le  tourisme n’est pas en première ligne. Seul l’impact sur le réseau routier soumis aux aléas du dégel est évoqué dans le résumé présenté à la presse. D’autres mesures devront être prises principalement dans le domaine de la sociologie afin que nos concitoyens prennent conscience du phénomène et que nos élus puissent intégrer les impacts possibles dans leurs décisions à long terme.


Evolution des durées d’enneigement au-dessus d’un seuil Au Col de Porte, dans le massif de la Chartreuse à 1325m d’altitude, sur la période de 1960 à 2009.clip_image003

Source : Météo France/ORNEC

Le graphe présente l’évolution de la durée d’enneigement au-dessus des seuils 0cm et 100 cm, au Col de Porte, dans le massif de la Chartreuse à 1325 mètres d’altitude. Les fluctuations observées attestent à la fois du changement climatique et de la variabilité interannuelle, qui est importante. La tendance à la baisse de ces durées d’enneigement est de l’ordre d’une semaine par décennie pour le seuil de 0 cm et de plus de deux semaines par décennie pour le seuil de 1 mètre.

La grande majorité des actions seront engagées en 2011 et 2012. Elles visent notamment à :

- Economiser et optimiser l’utilisation de l’eau : 2 milliards de m3 par an est le déficit estimé à l’horizon 2050 pour satisfaire les besoins en considérant une stabilité de la demande. Le plan prévoit donc un ensemble de mesures pour économiser 20% d’eau prélevée en 2020, à travers l’action des Agences de l’eau, des programmes de détection et réduction des fuites dans le réseau et d’aide à la récupération des eaux de pluie ou des eaux usées.

- Développer les savoirs sur les maladies émergentes et renforcer les dispositifs de surveillance : le réchauffement du climat devrait accélérer dans les prochaines années l’apparition ou l’amplification de certaines pathologies (dont les allergies) ou vecteurs de maladies. Des études seront lancées en 2011 pour renforcer la surveillance des pollens mais aussi des insectes vecteurs et des microorganismes qui pourraient profiter du réchauffement climatique. Un groupe de veille santé-climat sera également créé au sein du Haut conseil de la santé publique (HSCP) chargé d’évaluer les données, d’alerter et de faire des recommandations aux pouvoirs publics.

- Adapter la politique d’aménagement du territoire : élévation du niveau de la mer, déformation des rails sous l’effet de la chaleur, dégradation des routes due à des cycles de gel/dégel plus fréquents sont autant de risques à prendre en compte dès maintenant. Pour s’assurer que les investissements publics (route, barrage…) prévus pour 50 ans ou plus restent toujours efficaces face aux nouveaux aléas climatiques, le plan prévoit de renforcer l’observation des côtes françaises, d’intégrer le risque de submersion dans les plans littoraux ou encore de revoir les normes techniques pour la construction des routes.

Source principale : Communiqué du Ministère de l’Écologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement

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